Après un parcours de rêve, Marion Bartoli s'incline avec les honneurs (6-4, 6-1) contre Venus Williams. Dans son jardin, l'Américaine a délivré une prestation parfaite pour conquérir une quatrième couronne à Wimbledon et un sixième titre du Grand Chelem.
Quatrième trophée à Wimbledon pour Venus Williams et 1re finale pour Marion Bartoli. (Reuters)Bartoli mention très bien
L'accolade de Richard Williams à Walter Bartoli vaut bien des compliments. Le père et la fille sont adoubés par le monde du tennis et le papa de Venus a reconnu un semblable. Construits dans la différence, les Williams connaissent le prix de l'atypisme et Marion Bartoli (n°18) fait partie des leurs. Ses larmes de déception après sa défaite (6-4, 6-1) démontrent sa conviction. Elle ne se contente pas d'une finale. Comme toutes les championnes, elle hait l'échec et malgré la victoire logique de Venus Williams, elle ne peut supporter l'inéluctable. Bien sûr, elle réalise un parcours de rêve en épinglant les numéros 1 et 3 mondiales sur son chemin et en atteignant sa première finale de Grand Chelem dans le tournoi le plus prestigieux du monde. Bien sûr, elle pratique le meilleur tennis de sa carrière. Bien sûr, elle reçoit avec bonheur l'ovation du public du Centre Court.
Mais elle n'aime que les 20/20 et une défaite contre une adversaire même impériale reste déchirante. «Aujourd'hui, la déception prend le dessus sur la satisfaction, mais demain, la satisfaction prendra le dessus», explique Marion Bartoli qui peut viser le Top 10 cette saison et avoue lorgner désormais sur le Masters. Pour cette perfectionniste, ce premier set apporte quelques regrets. «J'ai un peu de regrets sur le premier set car je me fais breaker d'entrée puis je reviens à 3-3, déplore la Tricolore. Mais elle a vraiment très bien joué.» Menée d'entrée (0-3), une habitude depuis trois matches, Marion Bartoli revient et s'accroche jusqu'à 4-5. Sur son service, elle subit alors la pression de l'Américaine qui réalise un festival avec son revers. Une double faute vient lui offrir ses deux premières balles de set (15-40). La Française sauve la première sur un bon passing croisé, mais Venus Williams se jette sur une seconde balle un peu courte pour attaquer et conclure au filet. Toujours aussi puissante au service (70% de premières balles avec une pointe de vitesse à 201 km/h), dotée d'une agressivité diabolique (29 points gagnants pour seulement douze fautes directes) et surtout exceptionnelle en défense, l'Américaine laisse une impression de parfaite maîtrise.
Venus dépasse Chris Evert à Wimbledon
Depuis sa frayeur au troisième tour contre Akiko Morigami (6-2, 3-6, 7-5), la tête de série n°23 produit un jeu proche de la perfection pour dominer tour après tour Maria Sharapova, Svetlana Kuznetsova et Ana Ivanovic. Et son début de second set confirme l'état de forme de l'aînée des Williams qui s'échappe rapidement (3-0). «Elle servait à 125 miles, elle courait partout, c'était hallucinant. Au-delà de sa frappe, son déplacement est incroyable, constate la Française avec admiration. Pour la déborder, il fallait que je mette quatre balles sur les lignes. Elle possède une allonge incroayble. Quand elle fait deux pas, il faut que j'en fasse cinq. Bravo à elle.» La pause médicale arrive. Trois minutes réglementaires pour soigner le pied gauche de Marion Bartoli et trois autres pour strapper l'adducteur gauche de Venus Williams. Le temps de participer à la ola pour Marion Bartoli et de serrer le poing après son premier jeu lors de cette deuxième manche. Ce sera le dernier.
Pour conquérir son quatrième trophée à Wimbledon et dépasser ainsi des légendes comme Chris Evert ou Margaret Court dans l'épreuve, l'Américaine délivre trois derniers jeux d'école. Malgré la puissance adverse, Venus Williams ne recule pas et contre à merveille et en femme pressée, elle décoche à 5-1 (15-0) son service le plus rapide à 201 km/h après avoir réalisé une amortie gagnante. Et sa première balle canon sur le corps à 40-30 ne laisse pas de place au doute. L'Américaine est bien la plus forte. Et Marion Bartoli ne peut nourrir que des regrets provisoires. Bien sûr, elle perd sa première finale de Grand Chelem, mais elle gagne le respect, la confiance et huit places à la WTA (11e mondiale dès lundi). «J'aurais tellement aimé soulever ce trophée et porter la robe pour aller à la soirée avec Federer ou Nadal», regrette la Française. Mais ses regrets s'effacent bien vite car elle a livré un vrai combat sans complexes pour ce premier grand rendez-vous. Elle aurait voulu 20/20, elle obtient 19,5. C'est quand même mention très bien.